En matière de recrutement, le cas du stagiaire est un cas à part. Il est jeune, peu expérimenté, et pas là pour longtemps : on a envie de lui consacrer le moins de temps possible, mais par contre lui doit produire beaucoup.
Alors du coup une bonne recrue c’est le plan parfait : pas cher et efficace, il bosse comme un taulier de l’équipe présent depuis 15 ans. Ses réflexions de djeuns font marrer la galerie, l’ambiance est au beau fixe.
A contrario le capuché qui a décidé de regarder Netflix 7h par jour ce n’est pas le même scénario : on peut parler de boulet. Et comme il n’a pas vocation à rester dans l’entreprise, on préfère s’en accommoder en lui foutant la paix plutôt que d’aller au conflit, après tout tant qu’il ne casse rien dans les dossiers du service autant le laisser glander sur Facebook…
Pourtant, si on a recruté un stagiaire, c’est d’abord parce qu’on avait un besoin, une mission à lui donner, et secondo, si on a recruté cette personne c’est qu’on croyait un minimum en son potentiel au départ.
Si ce candidat se révèle un piètre exécutant ce n’est pas forcément une surprise : le monde de l’entreprise n’est pas du tout similaire à celui de l’école. Surtout pour des postes devant un PC toute la journée, c’est parfois très long, et chaque nouveau jour ressemble au dernier. Plus de copains avec qui rigoler, plus de profs à critiquer, plus de rythme imposé avec la succession Amphi / TP / TD / Devoirs, bref c’est la fin de la vie étudiante.
C’est à vous en tant que tuteur du stagiaire de comprendre cet état de transition et d’accompagner votre poulain du mieux que vous pouvez.
Le bon sens :
Le stagiaire ne connait rien au jargon des entreprises, donc ne le prenez pas pour un expert, il aura le temps de découvrir ça plus tard. Parlez avec des mots simples, sans trop de sérieux dans le ton. Dites-vous bien qu’il ne comprend rien à ce que vous racontez, oui, relisez cette phrase plusieurs fois.
Que fait-on avec quelqu’un qui ne parle pas le même langage que soi ? On fait des signes, des onomatopées, des gestes, des mimes …. Commencez donc les premiers jours à trouver un langage commun avec votre recrue.
Ensuite on ne va faire qu’appliquer la pyramide des besoins de Maslow.
1. Besoin physiologique : on parle la même langue
2. Besoin de sécurité : le stagiaire doit comprendre que vous êtes là pour le guider et lui apprendre des trucs, n’oubliez pas qu’il est encore en apprentissage !
3. Besoin d’appartenance : incluez-le dans les réunions, inscrivez-le dans le parcours d’intégration comme un nouveau CDI, il ou elle doit se sentir bien intégré(e) dans le service.
4. Besoin d’estime : choyez votre jeunot. Cela fait plus de 20 ans qu’il a des notes sur ses copies toutes les semaines. Donc donnez-lui du feedback, et insistez sur ce qui va bien !
5. Besoin de s’accomplir: là on touche du doigt le Graal, mais bon autant essayer de le viser ! votre stagiaire a des missions lors de son stage, et tout le bas de la pyramide doit vous assurer de lui transmettre cette ambition et lui permettre de réussir.
Vers la réussite:
Un stage réussi, c’est un stage où le stagiaire a correctement assuré sa transition de la vie étudiante à la vie en entreprise, en s’investissant sur plusieurs jours sur des tâches nouvelles et souvent en autonomie. En tant que tuteur, vous devez lui fournir le cadre pour que cet objectif se passe bien.
Ne laissez pas la situation s’enliser : dans ce cas-là un peu de communication non violente peut aider à faire passer le message sans hausser le ton. Avouez à votre stagiaire que vous êtes déçu par son comportement, dites-lui vos besoins en terme de communication, de livrables, etc. Vous pouvez lui rappeler que son stage fait partie de sa formation et à ce titre c’est une étape importante pour valider son diplôme.
Les mois du stage passent vite : gardez un point hebdo d’au minimum 1/2h sans quoi vous perdrez le fil entre lui et vous.Et gardez en tête que c’est vous qui savez où il doit aller, donc c’est à vous d’adapter votre management de ce stage, et pas à votre stagiaire de deviner vos intentions.